La durabilité dans la formation continue
Le modèle du développement durable comme concept global est apparu dans les années 1970, mais sa diffusion dans le monde entier a eu lieu avec la publication du rapport Brundtland en 1987. Dans l’éducation, des concepts de développement durable sont aussi présents depuis longtemps déjà, ce qui ne signifie pas nécessairement qu’ils sont par ailleurs mis en œuvre dans la pratique. Cette édition d’EP se penche sur la manière dont la durabilité peut être comprise dans le contexte de la formation continue, et cherche à savoir quels concepts sont disponibles et comment les employer de façon adéquate.
Dans son article d’introduction, Henning Pätzold offre un aperçu des éléments de contexte majeurs, ainsi que des approches et modèles principaux du développement durable dans la formation continue. Ceci inclut, par exemple, l’évolution du célèbre modèle des trois piliers vers d’autres modèles établissant différentes priorités: selon ces modèles, la dimension environnementale a la priorité sur les dimensions sociale et économique. Pätzold considère la durabilité comme l’occasion d’une (ré)orientation collective, et souligne la complexité et le caractère imprévisible des processus qui y sont liés. Pour la pratique de l’éducation des adultes au développement durable, ce seraient, selon lui, la façon de gérer la complexité, l’aptitude à penser de manière systémique ainsi que la création d’espaces discursifs et le développement de compétences qui devraient jouer un rôle central.
Selon Ulrich Müller, l’intégration de la durabilité dans la formation continue est un processus généralisé. En s’appuyant sur la «Whole Institution Approach», il réfléchit à la façon dont les instituts de formation peuvent concilier des stratégies de planification de programmes et un développement organisationnel afin de s’orienter vers une durabilité plus forte.
Les autres articles du dossier procèdent à l’analyse de la durabilité en tant que matière d’enseignement dans la formation professionnelle (Julia Hufnagl et Harald Hantke), se penchent sur les compétences du personnel de direction dans l’optique du développement durable (étude de Sarah Eberz) ou cherchent à déterminer quelle responsabilité les instituts de formation continue peuvent endosser dans le contexte du développement durable (Bianca Tokarski). On y aborde aussi les opportunités et les défis, les dilemmes ainsi que la question des possibilités d’action pour les instituts de formation continue, dans le champ de tension entre la mission d’éducation transformative et la demande en formations continues.
Dans la partie pratique de cette édition, ce sont les organisations de formation continue qui prennent la parole. Ronald Schenkel y présente des exemples de mise en œuvre de diverses mesures en lien avec la durabilité chez plusieurs prestataires. Alice Johnson et Helene Sironi, quant à elles, racontent leur travail chez Silviva, un prestataire qui propose une éducation à l’environnement par la nature. Philip Smets et Eva Heinen décrivent ensuite comment les universités populaires allemandes mettent en pratique les concepts de l’EDD. Cornelia Moser et Jürg Schneider se concentrent sur les potentialités offertes par la formation continue pour la planification d’ouvrages bâtis écologiquement durables. Niels Rot et Alexandra Horvath présentent le concept des «Objectifs de développement intérieur» et rapportent leurs expériences concernant la mise en œuvre de ce concept dans des organisations de formation (continue ou autre). Enfin, dans l’entretien avec Kathrin Reimann de l’organisation «Films pour la Terre», les opportunités d’apprentissage sont considérées en dehors des organisations de formation, et on y évoque le potentiel des films documentaires pour sensibiliser la population aux thématiques du développement durable.
Comme toujours, ces articles sont enrichis de courtes informations concernant les projets et développements actuels en matière de formation continue.