Littérature
La quatrième édition du rapport sur l’éducation en Suisse a été publiée le 7 mars 2023 par le Centre suisse de coordination pour la recherche en éducation (CSRE). Il est structuré par degré de formation et présente des informations sur l’ensemble du système éducatif suisse. Le rapport sur l’éducation s’appuie sur trois critères: efficacité, efficience et égalité des chances (équité).
En plus de l’école obligatoire, du degré secondaire II et du degré tertiaire, le rapport consacre un chapitre à la formation continue. Il en ressort que cette dernière revêt une importante croissance au regard des changements technologiques et économiques. Une grande partie de l’activité de formation continue en Suisse est motivée par des raisons professionnelles (87 %), ce qui s’explique notamment par le dynamisme du marché du travail suisse.
Comparée à d’autres pays européens, la Suisse affiche un taux très élevé de participation à la formation continue. Cela s’explique par la solide performance économique de la Suisse. Dans le même temps, le taux de participation des personnes peu qualifiées à des formations continues est particulièrement faible. Ce qui signifie que les personnes sans formation postobligatoire profitent peu de l’activité de formation continue, globalement intense en Suisse.
Depuis 2010, le rapport sur l’éducation en Suisse est élaboré tous les quatre ans par le CSRE. En raison du laps de temps supplémentaire jusqu’à la parution, le CSRE a pu prendre en compte les répercussions à court terme de la pandémie dans ses analyses. Les données de 2020 ont été comparées avec celles de l’année précédente et de l’année suivante, permettant ainsi d’établir des constats sur les répercussions réelles de la pandémie.
Centre suisse de coordination pour la recherche en éducation CSRE (2023): L’éducation en Suisse, rapport 2023
Informations complémentaires: https://www.skbf-csre.ch/fr/rapport-sur-leducation/rapport-education/
La société des singularités
Avec pour exigence de présenter une théorie de la modernité, Andreas Reckwitz analyse un processus social qu’il nomme la singularité. Selon sa thèse, ce processus s’impose au début du XXIe siècle dans l’économie, le monde du travail, les technologies numériques, les modes de vie et la politique. L’ancienne logique de la généralité, dominante dans la modernité, perd du terrain pour céder la place à une nouvelle logique, celle de la singularité. La généralité et la standardisation tombent de plus en plus sous le soupçon du conformisme. On ne s’intéresse plus à l’individu moyen et à son existence ordinaire, mais au sujet authentique, qui doit afficher des intérêts non conventionnels et une biographie non linéaire.
Ce transfert d’importance au profit de la singularité, de la particularité et de l’unicité ne concerne pas seulement l’individu et ses modes de vie, mais aussi les biens, les villes, les communautés, etc. Les sociétés de la modernité tardive, au sens de Reckwitz, célèbrent partout ce qui est singulier et incomparable, jusqu’à l’«explosion du particulier». Cette tendance entraîne une dynamique contradictoire, car la société des singularités de la modernité tardive engendre ses propres incohérences et inégalités. Cette dynamique bouleverse radicalement le rapport social entre la généralité et la particularité, ébranle les structures de base et les certitudes et entraîne ainsi des crises aux multiples facettes. Selon cette analyse, il faut se détacher des idées de société égalitaire, d’ordre rationnel et de structure de personnalité équilibrée car, selon Reckwitz, elles sont une «pure nostalgie».
Andreas Reckwitz (2017): Gesellschaft der Singularitäten. Berlin: Suhrkamp
Du choix d’un métier à la construction de sa vie
Faisant suite à son ouvrage «La carrière professionnelle 4.0» consacré aux grandes tendances modifiant le monde du travail et de la formation, Grégoire Evéquoz se penche à présent sur les conséquences de ces changements pour les personnes concernées. Constatant la disparition des repères habituels sur lesquels les personnes s’appuyaient pour envisager leur avenir, ainsi que les incertitudes nouvelles qui y sont liées, l’auteur se demande comment les professionnels de l’accompagnement peuvent aider les jeunes et les adultes à construire leur avenir.
L’auteur retrace d’abord dans les grandes lignes l’évolution de différents modèles et mode de pensées, pour ensuite mieux appréhender les doutes et incertitudes des changements actuels – notamment concernant les développements technologiques. Il décrit ensuite ce que sont, selon lui, les nouvelles normes, tendances, valeurs et aspirations en termes de formation et d’emploi. Puis, s’appuyant sur six compétences de vie, il propose finalement des clés afin que les individus et/ou les personnes qui les accompagnent puissent s’orienter et avancer avec les incertitudes inhérentes au monde actuel.
Grégoire Evéquoz (2022): Du choix d’un métier à la construction de sa vie. L’accompagnement à l’ère des incertitudes. Lyon: Chronique sociale.